Vernissage Réminiscences Pékinoises
Derrière le cache de son boîtier photo, Laurent Hou nous emmène avec lui pour partager ses nuits blanches, ses heures intimes, il n’y a pas si longtemps, dans la Chine du milieu des années 2010. On traîne alors dans le quartier de la Tour de la Cloche jusqu’au Temple des Lamas, dans les vieilles ruelles traditionnelles qui abritent des bars et autres lieux éphémères autour du Lac-Arrière. Des salles de concert étrangement nommées comme ce Vieil Homme qui déplaçait des montagnes, accueillent des marginaux qui y branchent leurs amplis et leurs espoirs de fortune. En noir et blanc, sobre, efficace, près de son sujet, Laurent ramène en France l’essence des nuits pékinoises : « Cet univers était pour moi une véritable famille élargie. Même sans appeler personne, en allant à un concert, je savais que j’y retrouverai des amis ». Laurent Hou s’est glissé dans l’ombre de la lune, discret, calme et attentif à cet univers interlope sans cesse en mouvement. Il a passé sept ans en Chine et trois à Casablanca. En rentrant à Paris, il continue son travail de photographe artistique et documentaire. Le retour de Chine est une initiation. Revenir, rentrer dans son enveloppe parisienne, quand tant de flashs, de réminiscences vous décalent, est une aventure dont on ne revient pas indemne. Pour exorciser, on fixe les photos d’hier fétiches de demain. Le souvenir, la trace, font leur chemin. Alors notre esprit s’enfuit à nouveau à travers des frontières terrestres ou célestes vers le souvenir de nuits éclectiques. Les images, elles, éteignent la distance, nous rassurent en traversant le temps, un peu là- bas et ici à la fois. Quand il quitte la Chine en 2017, Laurent Hou traverse cette zone particulière : « je me rends compte à ce moment-là que mon expérience pékinoise était unique, irremplaçable et d’une intensité exceptionnelle. La Chine me manque. C’est ce sentiment de vide et de nostalgie qui me pousse alors à éplucher mes archives photographiques des nuits pékinoises ». Puis le temps passe et les mondes chinois et occidentaux se transforment derrière les masques de la pandémie et du pouvoir. Il faut creuser encore pour garder l’âme de ce qui disparaît à vue d’œil, car les bars ferment en Chine et la vie alternative s’efface. C’est là qu’intervient l’envie de sérigraphier pour Laurent Hou. Ces sérigraphies deviennent la marque, la trace ultime, l’empreinte qui reste quand les souvenirs ne suffisent plus. Comme, un tatouage pour exorciser la métamorphose du monde ambiant, pour s’en protéger.
Texte de Sarah Neiger, directrice artistique du projet
Photos de Laurent Hou, sérigraphies avec Carlo Cammarata.
INFO PRATIQUE :
- Vernissage : Mercredi 12 avril à 17h30 Connexion – 31000 Toulouse
- Du 03 au 29 avril, au Connexion Live, 8 Rue Gabriel Péri, 31000 Toulouse
- Entrée libre (sauf jour de concert) aux heures d’ouverture du lieu